Téléphérique
Riddes – Isérables

Riddes (Valais) | 1942

Jusqu’au début du XXe siècle, trois liaisons muletières conduisaient au petit village d’Isérables comme suspendu au-dessus de la plaine. Les Bédjuis (habitants d’Isérable) devaient parcourir ces sentiers pour se rendre en plaine. A la fin du XIXe siècle, Isérables est réputé pour la qualité de ses ardoises, produit couramment utilisé pour recouvrir les toits des habitations valaisannes. Ce matériel est lourd et très difficile à transporter sur les sentiers existants. Les exploitants des carrières ont donc construit, entre 1882 et 1883, une télébenne, appelée câble, afin de relier directement la plaine aux carrières. Le câble sert, durant la Première Guerre mondiale, au transport de l’anthracite, une autre ressource du sous-sol d’Isérables. Une fois la guerre terminée, les mines ne sont plus exploitées et la télébenne désaffectée. La bourgeoisie d’Isérables profite de cet abandon et achète le câble inférieur afin d’éviter ladescente du bois par le sentier qui relie Isérables à Riddes.


Les télébennes, destinées au convoyage des marchandises, n’étaient pas autorisées à transporter des personnes. Cependant, certains voyageurs pressés tentaient une descente par le câble. Cette aventure a été fatale à un homme qui tomba de la benne au point le plus élevé du trajet. Cette imprudence a confirmé l’évidence: malgré l’intérêt que représentent les télébennes, cette liaison n’est toujours pas suffisante pour les habitants d’Isérables. Ils attendent la mise en œuvre d’une route carrossable, afin de pouvoir finalement rejoindre la plaine en toute liberté et autonomie. En 1936, une alternative se présente et un projet novateur voit le jour. L’arrivée de M. Lucien Gillioz à la présidence de la commune marque un tournant décisif dans l’ouverture d’Isérables sur la plaine. Lors de ses études de droit effectuées à Genève, il découvre le téléphérique du Salève et s’en inspire pour un projet de désenclavement.

Ce projet est approuvé par l’Assemblée primairele 12 décembre 1937, mais à ce moment-là, les autorités cantonales et fédérales sont dans une situation financière précaire. Isérables doit attendre la Deuxième Guerre mondiale pourqu’une voie rapide soit réalisée. Dans la mesure où Isérables donne accès au col de la Croix-de-Cœur, il est inclus dans le système de défense de la route du Grand-Saint-Bernard. L’installation d’un téléphérique devient alors une priorité militaire, car l’Etat major prévoit de continuer le projet de Riddes à Isérables par un dernier tronçon, des Combesaux Savoleyres. La construction du téléphérique Riddes-Isérables (TRI) débute en 1941. Elle est effectuée par la maison von Roll de Berne. Le 16 août 1942, jour de la Saint-Théodule, le téléphérique est inauguré officiellement en présence de la population et de nombreuses personnalités civiles et militaires. Désormais, les Bedjuis peuvent rejoindre la plaine en dix minutes et profiter d’une liaison rapide et sans effort. Le TRI permet également le transport de produits alimentaires et de matériaux pour la construction et l’agriculture qui, jusqu’à sa mise en service, étaient amenés par le sentier à dos d’homme et de mulet. Ce nouveau moyen de transport favorise aussi l’éducation des Bedjuis, en permettant aux écoliers d’atteindre plus facilement la plaine et ainsi d’accéder aux études et à une formation plus complète.

Le saviez-vous?

Outre la reproduction dans le parc, le Swiss Vapeur est lié au téléphérique Riddes – Isérables. En effet, après le vol des locomotives, la motrice TPC (ex-BVB)  s’est offert une petite cure de jouvance dans une entreprise basée à Isérables. C’est donc arnachée sous la cabine que la machine à rejoint la plaine.